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Jamais dire jamais à la Jamésie

  • Photo du rédacteur: Karine en Cavale
    Karine en Cavale
  • 16 août 2017
  • 8 min de lecture

Amis de Chibougamau…


Je ne puis passer sous silence le temps merveilleux que j’ai passé à vous côtoyer, vous connaître, vous démystifier! Je planifiais rester un an parmi vous mais j’ai fait sept fois ce temps. Un chiffre chanceux. Pour la nomade en moi, cela relate de l’exploit! Il y a plusieurs raisons qui expliquent cet enracinement involontaire. J’ai donc pensé vous faire un résumé de quelques-unes de mes petites choses préférées vécues.


Ah Chibougamau! La vallée du cuivre… là où les chemins se rencontrent. La rudesse de l’hiver aussi je l’ai rencontrée ici. Là où la neige accumulée se calcule en m³ ou en km². Là où -27°C avec un ressenti de -96 sont les tendances de saison de janvier à mars! Mais ne vous laissez pas duper, la chaleur existe ici. C’est dans le cœur de ses habitants qu’on la retrouve! Attention, ça brûle! Parlant de brûlage, on sait faire la fête pas à peu près « icitte ». Jamais vu ça! Même les bleuets n’accotent pas ça! Quand je dis bleuet, je ne parle pas du fruit, mais bien de la personne! Parce qu’un bleuet, c’est un bleuet, et ça, c’est une toute autre histoire!


Le « Pub Chaumière », en bas, pour les générations X-Y-M, et en haut, pour les baby-boomers avides de karaoké! Le resto-bar « Le Pub » (tout court) qui a malheureusement coulé, était aussi l’endroit de prédilection. Là où les « fly-in-fly-out » et purs « locals » se côtoient sans aucune discrimination. Les autres feux, ce sont dans la cour de mon voisin Denis G. qu’on les retrouvait. Dans le temps que j’avais ma fameuse maison « de mine » jaune, avec un garage, un GROS garage…. Vide! Mon voisin d’en face, Luc P., toujours prêt à corder mon bois ou « gratter ma cour » quand je reviens de vacance et qu’il a tombé 4 pieds de neige. Mentionnons aussi mes supers colocs du 150 rue Jaculet : Mathieu B., le gars de Québec devenu Chapaisien bien malgré lui, Patrick M., mon frère planteur d’arbres aux Chantiers et Sacha F., la fille de l’Alberta, perdue dans le Grand Nord Québécois avec les ours pour chercher ses nids d’aigles! Feu Gaétan P., lui qui était mon voisin du bloc de la Merrill, qui déblayait mon char pour ensuite me servir une bonne beurrée de confiture à la rhubarbe et fraises sur du pain fraichement sorti du four. Veille sur moi Gaétan. Sans oublier Julie T., ma voisine d’en bas toujours prête à m’appuyer quand j’ai besoin d’une patate pour mon potage ou d’une oreille attentive pour mon moral à plat. Sa fille Auphélie N., super gardienne au cœur grand comme la terre!


Ah Chibougamau! Ses bleuets, ses ours, ses perdrix, ses lynx, ses dorés et ses gros brochets! Le canot-camping sur la Rivière Obatogamau, là où la Gélinotte (liqueur d’érable) coule à flot. Et aussi « Team-Scrap » qui suit le courant du mieux qu’il peut avec les moyens qu’il a, tels des coureurs des bois aquatiques! Les milliards de lacs, mais surtout, le plus grand de tous : Mistassini. J’ai même l’honneur et la grande fierté de dire que j’ai dompté ses vagues, chevauchant ma planche de kitesurf : check! Plus grand lac du Québec : check! Kitesurf, oui, mais snowkite aussi. Hé oui, tout ce kitefun aurait été impossible sans mon fidèle kitecrew. Ma gang de vieux et moins vieux bonhommes. Des hommes fantastiques, toujours prêts à me sauver la vie. Mention spéciale à Yves R. Sans lui, je ne serais peut-être pas morte, mais pas loin. Parlant d’eau, je ne peux passer sous silence mes nombreuses sessions de SUP avec Suzie L. et nos amis les huards sur le Lac Guilman. Aussi les sessions de wakeboard avec coach Carl J. ou encore derrière le bateau de pêche à Francis T. au CIGAM. Virez ce mot à l’envers et vous comprendrez toute l’ampleur de la dimension de ce sympathique terrain de camping, symbole de rassemblement estival culturel typiquement québécois!


Quand on parle d’eau, on ne peut évidemment pas s’emPÊCHER de parler de pêche! Les pêches aux dorés aux fameux et nombreux lacs « Fame ta yeule » à prendre nos quotas et même plus! Avec sangsues, marcheurs de fond ou tout autre gréement plus exotique les uns que les autres. Extra moustiques, mouches noires et, sans oublier les redoutables taons à ch’val (traduction pour nos amis Montréalais : mouches à chevreuil!). À vous rendre fou.


Ah Chibougamau! J’y ai même appris à parler deux nouvelles langues. Une qui tire ses racines du Lac (St-Jean) et l’autre des Cris (Premières Nations). La première se définit en muffleure, traileure, zippeure… Ici, on ne lance pas un ballon, on le tire! St-Crème! Oublie pas ta froc… pis prends pas le cutteur sinon c’est dans l’clos que tu vas te ramasser! « Lit », « nuit », « ici » deviennent « litte », « nuitte » et « icitte », une « mère » est une « mére » et un « père » un « pére ». On boit pas, on boué, on voit pas, on voué! Un windshield est un winchire et une « ride » est une « raille ». Le côté passager dans un véhicule est le côté « alpeur ». Alpeur? Nimporte quoi! Par contre, ici, on tond la pelouse, plutôt que le gazon. Et ça, c’est vraiment plus joli comme expression.


La deuxième langue apprise ici, je la parle couramment à coups de ashtum, shkoudam, yehe, suk, coyahe, coyatsi, koueshtin, koushgadabo, apske, ash… (Traduction : viens, prends ton souffle, respire, tasse-toé, respire pas, bouge pas, tourne couché, tourne debout, assis, fini!). Comme vous pouvez le constater, je parle cri seulement au travail, c’est-à-dire au niveau du positionnement en vue de faire des belles « radiologies »! Parce qu’à part de ça, je suis complètement perdue dans cette langue boréalo-contexto-environnemento-pseudo-hiverno-survivale!

Ah les Autochtones! Grands ricaneurs, ils sont toujours prêts à se moquer de leurs bébés qui se bêchent par terre ou leurs grands-mères qui s’étouffent en mangeant leur PFK! Jamais stressés, ils seront toujours disponibles pour te rendre ton sourire, te saluer ou t’embarquer sur le pouce. Jamais un Amérindien va te laisser sécher sur le bord du chemin. Bien sûr, ils cogneront à ta porte pour squatter ton divan à toute heure du jour ou de la nuit… Une fois, je l’ai même rencontré dans un état disons… second(!), lors de ma promenade à vélo autour du lac Guilman… pour ensuite le recroiser dans ma salle à rayons X, le soir au travail. Non, mais… quelle joyeuse proximité!


C’est grâce à eux aussi que j’ai pu découvrir la saveur de plats aussi raffinés que le castor braisé, l’outarde fumée et le mijoté d’ours… à même le tipi!

N.B. : C’est fait fort un indien! Qu’il fasse 30°C en été ou -30°C en hiver, son habit reste toujours le même : coton ouaté, jeans et bottes de pin! (prononcez « pinne »).



Saviez-vous qu’un Amérindien, ça s’identifie toujours par son prénom d’abord? Le nom de famille est secondaire, pas important. Qu’il soit un Blacksmith, Ottereyes, Icebound, Bearskin, Iseroff, Saganash, Awashish, Coon, Come, Coon Come, ou Nine O’clock, c’est en les appelant Mr John ou Mme Kitty qu’ils se reconnaissent. Va savoir pourquoi, c’est simple de même.



Ah Chibougamau et son Rallye minounes! Semaine légendaire de festivités pendant la relâche. Oui, ça relâche pas mal cette semaine-là. Des événements où faire de la motoneige, jouer au bowling, jouer au jeu de poches, manger des hotdogs, boire de la slush à la Bud, tout en fracassant un record Guinness, est tout à fait possible! Et on finit ça à moitié mort à l’aréna. Un classique. C’est donc ici que j’ai eu mon initiation à la motoneige, et non pas au Skidoo, mais à la mo-to-neige. Parce qu’un Polaris, c’est PAS un Skidoo ok? ». L’odeur du gaz n’aura plus jamais la même significati on pour moi. Jamais. Je me rappelle encore de ma première « date » : -24°C, soleil mur-à-mur, vents à 22 km/h avec rafales à 53, nos casques sur la tête pis nos 12 dans le dos, un paquet de balles, raquettes, pis « envouèye » la petite de Montréal, va les chercher tes poules blanches si tu veux manger « à souère »! Ben croyez-le ou non, j’ai eu pas mal chaud finalement! Ça marche vite ces petites bêtes-là! (remerciement à Marie-Ève M. pour la succulente recette de terrine. Mmmmm).


Ah! Et que dire aussi de MA montagne de ski : le Mont-Chalco. Là où j’ai eu la chance d’initier de nombreux « ti-zenfants » à ce sport : Loryann, Marilou, Alyssa, Félix… pour ne nommer que ceux-ci. Avec des pistes comme la « Super-shaft » ou la « Clinique dentaire », pas besoin de vous dire que le plaisir était au rendez-vous! Juste pas pour les mêmes raisons! Sur du Nirvana, Stone Temple Pilots ou Red Hot en trame de fond, c’est incomparable! Encore mieux : les après-skis au bar avec ma partner in crime Marilou N. On se demande encore pourquoi la bière a si meilleure goût après le ski qu’en toutes autres circonstances. Un mystère! C’est avec Hugo P., super patrouilleur émérite et indélogeable, que nous nous remémorons nos plus grands exploits de la journée. Des sous-bois remplis de grosse poudre naturelle et scintillante comme j’ai rarement vu au Québec, voire le monde entier!


Quoi dire encore? J’en ai tellement sur le cœur… c’est infini. Je vous aime tant. La chasse à la perdrix avec Marie-Ève et sa toute aussi cinglée de sœur Vic! En pickup avec nos café-Baileys à rire et pleurer nos trippes. Les couchers de soleil du Lac des Vents. Hawaii peut aller se recoucher.


Je suis très fière de mon expérience en Jamésie. C’est gravé en moi à jamais. Oui, je tapais sur les nerfs à ben du monde avec mes éloges infinies sur mes Laurentides natales, mais dites-vous bien qu’aujourd’hui, gens de Chibougamau, c’est le retour du balancier. Je tape sur les nerfs pas pire aux Laurentiens quand je compare leurs moindres faits et gestes avec mes exploits et témoignages Chibougamois. Karma! Les rôles sont inversés.


Si vous saviez toutes les louanges que je propage à votre égard… J’ai peur d’en oublier… trop d’idées me traversent l’esprit sans arrêt. Cet hommage, c’est en mars 2017 que je l’avais entamé. J’ai dû reprendre mon texte plusieurs fois, toujours insatisfaite. Ajoutez à cela mes 537 déménagements et emménagements, la nouvelle école, la nouvelle job, la nouvelle maison, les retrouvailles avec famille et amis… ça ne finissait plus. Par contre, ce matin, peu importe mon degré de satisfaction, je lance ma bouteille à la mer!


Je vous mets sur la map gang! Comptez sur moi. Non, Chibougamau ce n’est pas un village, c’est une VILLE! Haha! J’avoue, je confirme, je témoigne. C’est presque quotidiennement que je fais référence à mes aventures uniques et rocambolesques du Grand et Merveilleux Nord Québécois. Mention spéciale aussi au super hôpital de la Baie-James : l’équipe de l’urgence, ses merveilleuses infirmières et préposées qui ont été trop patientes avec moi et mon sale caractère de tech. de garde (oups!), la salle d’op, les inhalos, les médecins aussi, mêmes les plus spéciales (re-oups!) et les gardiens/gardiennes de sécurité, les cuisinières et les concierges, je vous aime tous! Katy P, Roger M, Yvon, garde Loulou… Merci.


Pour finir, grand et immense merci, du fond de mon cœur, à jamais reconnaissante pour votre accueil et acceptation par toutes ces merveilleuses familles adoptives qui ont pris si bien soin de ma fille et moi : les Gervais, les Noël-Pageau, les Dubé-Boudreault, les Perron, les Parents-Gauthier, les Boudreault-Chiquette, et j’en oublie d’autres c’est certain. Mille fois désolée. J’ai le cœur à jamais marqué par cet amour inconditionnel dont vous avez si généreusement fait preuve à notre égard à nous, les deux petites Masson.


Et pour les autres, je dis : « Partez à l’aventure et allez découvrir le Nord, ses habitant et ses espaces… vous ne serez pas déçus ».


Karine Masson

Chibougamoise d’adoption.

 
 
 

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